MIDI LIBRE, Publié le 17/12/2022 à 06:32
La prévenue a été jugée au tribunal de Millau et a écopé de six mois de prison avec sursis.
Ce 25 septembre, Madame C., 47 ans, habitante millavoise, fait la fête. Plus qu'à l'accoutumée. "J'ai bu trois verres de vodka, ça faisait vingt ans que je n'étais pas sortie", avoue-t-elle. Elle prend le volant, "dit s'être endormie", selon la description de Geneviève Brian-Barranguet, la présidente du tribunal de Millau. La police nationale intervient. "Quand je suis sortie, j'ai dit bonjour à la policière que je connais, elle m'a dit "ah encore elle!"", s'agace la prévenue à la barre. Une phrase mal passée. Cela déclenche une colère noire chez la conductrice alcoolisée. "Vous tentez de mettre des coups de pied, vous insultez les policiers : "Connasse, vous touchez des primes de Macron pour agresser de jeunes gens." Vous déclarez aussi que vous allez vous suicider", reprend la présidente. "Vous vous souvenez des coups de pied ?"... "Oui, on me tenait, j'avais que ça". "Et des insultes ?"... "Non, je ne me souviens pas", rétorque la quadragénaire à la barre. Une amnésie qu'elle met sur le dos du traitement d'anxiolytiques et d'antidépresseurs qu'elle avait pris le matin de l'accident matériel qui n'a fait heureusement aucune victime.
"Ce sont les policiers qui m'ont agressée"
Malgré son état, la conductrice ne souhaite pas se soumettre au dépistage. Le ton monte avec les forces de l'ordre. "Vous avez tenté de mordre la gardienne de la paix ?", interroge Geneviève Brian Barranguet. "Je ne m'en souviens pas", répond la prévenue. "Ce sont les policiers qui m'ont insultée. Si vous regardez la vidéo, vous verrez", argue-t-elle sereinement. Une version qu'elle ne lâche pas, même devant la représentante du ministère Public, Léa Lardy : "Vous prenez le volant, vous êtes un danger public, les policiers sont appelés, ils font leur travail, à quel titre vous dites non ?", questionne-t-elle. Madame C. répond sans sourciller : "Ce sont eux qui m'ont agressée, qui m'ont insultée, ils m'ont fait des œdèmes avec les menottes."
Un point sur lequel le conseil de la prévenue, Me Lucie Creyssels appuie : "Elle a eu un accident, elle avait des marques au visage. Quand les policiers sont arrivés, en plus des remarques, ils ne l'ont pas amenée à l'hôpital après l'accident. Elle aurait pu avoir des blessures internes. Puis il y a cette remarque "encore toi !" alors que ma cliente a un casier judiciaire vierge..."
"Son état ne justifie nullement son comportement"
De son côté, Me Auzuech, au tribunal pour représenter les trois gardiennes de la paix portées partie civile dans le dossier, pose la question : "En quoi est-ce une agression ? On peut imaginer que ce n'est pas la première fois que leur chemin se croise. Tout a été filmé et on s'aperçoit que, dès son interpellation, madame ne veut pas coopérer, elle s'en prend physiquement à eux..." Et la représentante du ministère public d'appuyer dans sa plaidoirie : "Son état d'ivresse est caractérisé dans la procédure, elle se permet, en plus d'insulter les policiers, de les violenter pour une phrase... Son état ne justifie nullement son comportement, il n'y a pas eu un mot d'excuse de sa part, pour elle, tout est permis et ce n'est pas comme ça que ça fonctionne ! Ce sont des infractions graves."
Si elle a demandé un an de prison avec suris à son encontre, le tribunal l'a reconnue coupable et l'a condamnée à 6 mois de prison avec sursis, une suspension du permis d'une durée de six mois et un versement de dommages et intérêts aux trois personnes policières portées partie civile dans le dossier à hauteur de 150 € chacune. Maxime COHEN
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